Aujourd’hui nous faisons face à un contexte de croissance démographique difficilement contrôlable et qui nous confronte à différents défis pour le futur, notamment dans le domaine de l’alimentation. Selon différentes études la population mondiale atteindra 9.8 milliards d’habitants en 2050. Il faudra alors produire 3 fois plus de protéines qu’aujourd’hui pour subvenir aux besoins de chacun. Face à ce défi, accentué par l’apparition de nouveaux régimes alimentaires tels que le véganisme, il est urgent de trouver de nouveaux aliments riches en protéines et facilement exploitables.
Le 16 octobre 2018, la commercialisation d’un coton génétiquement modifié baptisé TAM66274, sur lequel travaille depuis plusieurs années une équipe de chercheurs américains dont Keerti Rathore, a été autorisée par le département de l’agriculture des Etats-Unis, après que des essais en champ aient été menés pendant prêt de 10 ans dans le Texas. La différence entre ce coton génétiquement modifié et un coton « banal » est que des chercheurs ont réussi à rendre muet le gène responsable de l’expression du gossypol dans les graines, tout en le laissant s’exprimer dans la plante. Le gossypol est un pigment contenu dans les graines de cotonniers qui est toxique pour l’Homme ainsi que pour les insectes et les animaux herbivores, ce qui permet à la plante de se développer en limitant les risques d’être mangée. C’est donc intéressant dans la mesure où le cotonnier peut continuer à se défendre sous sa forme de plante.
Quel rapport avec les protéines ?

Coton prêt à être récolté, Texas
Il s’avère que la graine de coton contient près de 23%de protéines, soit trois fois plus que le riz blanc qui n’en contient que 7%; tandis que le blé en contient 13% et le quinoa 14%. La graine de coton est donc une graine particulièrement nutritive et cette ressource en protéines était jusqu’à aujourd’hui inexploitée. Or, cette graine de coton génétiquement modifiée créée aux Etats Unis ne contient quasiment pas de gossypol, ce qui fait qu’elle est comestible pour l’Homme (elle aurait le goût d’houmous) !
De nombreux avantages
Selon le Comité Consultatif International sur le Coton (ICAC), la production mondiale de coton sur l’année 2017/2018 a atteint les 25,4 millions de tonnes, soit 3,33 kg par habitant en moyenne.

Jeune Afrique, champ de coton au Mali
Or, de nombreux pays dont la population souffre de la faim et de la malnutrition, tels que le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad ou encore le Togo, produisent de grosses quantités de coton. Ce n’est donc pas une ressource accessible uniquement aux pays « riches » et développés et cela permettrait à des centaines de millions de personnes de subvenir à leurs besoin en protéines. Plus encore, la production d’une tonne de fibre de coton donne environ 1.6 tonne de graines. La quantité de matière exploitable est donc extraordinaire.
Diverses questions se posent tout de même
Tout d’abord, ce coton est un organisme génétiquement modifié. A l’heure où les aliments « bio » et « naturels » sont de plus en plus populaire, cela entraîne une problématique éthique : la malnutrition doit-elle être combattue à l’aide d’OGM ?

Champ de coton
Ensuite, produire du coton exige une énorme quantité d’eau. La production d’un kilogramme de coton nécessite en moyenne 5620 litres d’eau (1 650 litres pour 1 kg de blé et 3 700 litres pour 1 kg de riz). La graine de coton est donc certes bien plus riche en protéines que ces dernières mais réclame beaucoup plus d’eau. Or, l’eau est une ressource plus que jamais rare et précieuse.
Il faut enfin prendre en compte le fait que les graines de ce coton génétiquement modifié seront probablement plus sensibles aux prédateurs, étant donné que l’action du gossypol est annulée. Il est donc probable qu’il faille mettre en place différents systèmes pour les protéger des oiseaux et des insectes. »
Si ces cotonniers génétiquement modifiés peuvent désormais être commercialisés, ce n’est pas encore le cas des graines. Il est cependant fort probable que nous en entendrons parler d’ici peu.
Ainsi, ce coton pourrait être une des solutions possibles pour lutter contre la malnutrition et pour subvenir aux besoins en protéines de la population mondiale. Il existe cependant d’autres alternatives innovantes comme par exemple l’entomophagie.
Sources :
Coton comestible, le rêve deviendrait-il réalité ? (10/18) Du coton comestible pour un apport supplémentaire en protéines (02/14) OGM, allons nous bientôt manger du coton ? (11/18) USDA approves edible cotton, which apparently tastes like hummus (10/18) Il cibo del futuro? Lo abbiamo addosso e non lo sappiamo: è il cotone (10/18)